Crean un observatorio de crímenes de lesa humanidad en Haití

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L’Observatoire de crimes contre l’humanité en Haïti voit le jour…

« Nous étions plus de 40 prisonniers nus dans une petite cellule de 12 mètres carrés. Deux ou trois d’entre nous mouraient chaque jour de malnutrition et d’inanition. On appelait cette prison »l’enfer des hommes». À un certain moment, pour tuer des prisonniers, ils les frappaient violemment à la nuque avec un bâton avant de les jeter dans le ‘’bayawonn’’. C’est une expérience que je n’oublierai jamais… » En pleurs Robert Duval raconte son passage il y a de cela 45 ans à Fort-Dimanche comme si c’était hier.

Robert Duval dit garder encore dans sa mémoire les cicatrices de la dictature de Duvalier. Parce que ces crimes sont imprescriptibles et parce qu’il y a la nécessité de faire la lumière sur ces atrocités, l’« Observatoire de crimes contre l’humanité en Haïti » (OHCCH) a été porté sur les fonts baptismaux le mercredi 21 octobre à l’hôtel Montana.

«Les massacres enregistrés ces derniers mois en Haïti comme celui de La Saline ou de Bel-Air, entre autres, sont aussi des crimes contre l’humanité et ils sont imprescriptibles», ont soutenu le journaliste sénior Hérold Jean-François et Me Mario Joseph du Bureau des avocats internationaux (BAI) qui, avec d’autres organisations et personnalités de la société civile, ont créé l’« Observatoire de crimes contre l’humanité en Haïti ».

« L’observatoire est donc constitué de plusieurs organisations et cabinets spécialisés dans la défense des droits humains et d’autres organisations de la société civile, des intellectuels et des personnalités publiques attachés aux valeurs démocratiques, en vue de procéder à la collecte d’informations et à la production d’analyses sur les cas de violation massive de droits humains, particulièrement les cas de crimes contre l’humanité commis en Haïti, tout en mettant l’accent fondamentalement sur l’opportunité d’engager des poursuites judiciaires à l’échelle nationale et internationale contre les responsables de telles exactions qui vont être soutenues par des activités de plaidoyers », lit-on dans le document créant l’Observatoire.

« Dans le contexte de l’instrumentalisation des gangs armés par le pouvoir en place pour réprimer les revendications populaires et terroriser l’opposition politique, l’Observatoire permettra d’agir ensemble sur les faits de violation massive de droits humains, particulièrement les crimes contre l’humanité perpétrés contre les masses haïtiennes habitant les quartiers populaires », ont fait savoir les fondateurs de cette nouvelle structure.

L’Observatoire de crimes contre l’humanité en Haïti se donne pour mission de lutter pour l’établissement d’un État de droit démocratique en Haïti, respectueux des droits humains en général, des droits humanitaires et des libertés publiques en particulier.

L’OHCCH va œuvrer à la condamnation de tous ceux et toutes celles qui sont impliqués dans la perpétration, en Haïti, de crimes contre l’humanité et contribuer à l’émergence d’une société démocratique basée sur la libre participation citoyenne dans tous les processus de prise de décisions, sans contrainte ni répression des autorités étatiques.

L’Observatoire de crimes contre l’humanité en Haïti aura pour principales activités de répertorier, documenter et dénoncer de manière systématique et chronologique les divers cas de crimes contre l’humanité perpétrés par acte ou par omission ; enquêter sur tous les cas ou situation assimilables à des crimes contre l’humanité et agir comme système d’alerte précoce dans le but de prévenir ces genre de crimes ; mobiliser l’opinion publique nationale et internationale sur les cas de violation des droits humains ; accompagner les organismes et les cabinets d’avocats spécialisés dans la défense des droits humains, les organes de poursuite, les victimes et les familles de victimes pour que ces crimes ne restent pas impunis.

L’OHCCH compte utiliser aussi le travail de plusieurs organisations de défense des droits humains membres de l’Observatoire pour « identifier les victimes ; dénoncer ces cas de crimes contre l’humanité ; accompagner la population victime dans sa quête de justice en introduisant les dossiers par-devant les instances judiciaires à l’encontre des autorités pointées du doigt et plaider auprès des instances étatiques, pour le respect des droits et libertés fondamentaux et informer en temps réel la communauté internationale de la situation en Haïti, notamment dans le but de la porter à mettre fin à tous supports économiques ou en renforcement institutionnel si la situation reste inchangée».

Parmi les fondateurs de l’Observatoire de crimes contre l’humanité en Haïti, figurent le Bureau des avocats internationaux (BAI), le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), des personnalités comme l’ancien ministre de la Justice, Me Camille Leblanc, le journaliste de carrière Hérold Jean-François, Me Sonel Jean-François, Me Sonet Saint-Louis, entre autres.

Les anciens bâtonniers de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Gervais Charles, Me Carlos Hercule et Me Stanley Gaston ont soutenu aussi cette initiative par leur présence à la cérémonie de lancement.

Le Nouvelliste


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